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SOCRATE

Mais si, je suppose, il fait le contraire, il ne le sera ni à l’État, ni à lui-même ?

ALCIBIADE

Non certes.

SOCRATE

Eh bien, persistes-tu dans ton sentiment ou en as-tu changé ?

ALCIBIADE

Non, je pense comme toi.

SOCRATE

N’as-tu pas dit que la plupart des gens étaient insensés et que les gens sensés étaient le petit nombre ?

ALCIBIADE

Si.

SOCRATE

Dès lors, nous affirmons à nouveau que le grand nombre se trompe sur ce qui est le meilleur, parce que la plupart du temps il se fie, je crois, sans réflexion à l’opinion.

ALCIBIADE

Oui, nous l’affirmons.

SOCRATE

Il est donc avantageux à la plupart des gens de ne pas savoir et de ne pas croire savoir, si cela doit les exciter à faire ce qu’ils savent ou croient savoir et si, le faisant, ils s’attirent plus de mal que de bien.

ALCIBIADE

Rien de plus vrai.

SOCRATE

X. — Tu vois maintenant que, quand je disais que la possession des autres sciences, sans la science du bien, risque de n’être que rarement utile et que ces sciences sont le plus souvent pernicieuses à leur possesseur, j’avais évidemment bien raison de le soutenir.