ton ami, demander s’il est chez lui, dans l’intention de le tuer, lui, et personne autre, et qu’on te dise qu’il y est — je ne veux pas dire que tu voudrais commettre rien de pareil ; mais enfin je suppose que tu en aies l’idée, car rien n’empêche, n’est-ce pas ? celui qui ignore le bien de se mettre parfois en tête que le pire des maux est le plus grand des biens. Ne le penses-tu pas ?
Assurément.
Si donc, ayant pénétré dans sa maison et le voyant, tu ne le reconnaissais pas et pensais que c’est un autre, est-ce que tu oserais encore le tuer ?
Non, par Zeus, je ne le crois pas.
Car ce n’était assurément pas le premier venu, mais Périclès lui-même que tu voulais tuer, n’est-ce pas ?
Oui.
Et si tu renouvelais plusieurs fois ta tentative et que toujours tu méconnusses Périclès, au moment de commettre l’acte, tu ne l’attaquerais jamais.
Non certes.
Eh bien, pour en revenir à Oreste, crois-tu qu’il aurait jamais attaqué sa mère si, lui aussi, ne l’avait pas reconnue ?
Je ne le crois pas.
Car lui non plus, n’est-ce pas ? n’avait pas dessein de tuer la première femme venue, ni la mère de n’importe qui, mais sa mère à lui.