Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/503

Cette page n’a pas encore été corrigée
Ion

Non plus.

Socrate

Alors, tu veux parler de ce que doit dire un esclave ?

Ion

Oui.

Socrate

Prétends-tu, par exemple, que ce qu’un esclave qui est bouvier doit dire pour calmer ses bœufs excités, c’est le rhapsode qui le saura, non le bouvier ?

Ion

Non, sûrement.

Socrate

Alors, est-ce ce que doit dire une fileuse touchant le travail de la laine ?

Ion

Non.

Socrate

Alors, est-ce ce que doit dire un général haranguant ses troupes ?

Ion

Oui, voilà le genre de choses que connaîtra le rhapsode.

Socrate

Quoi donc ! l’art du rhapsode se confond avec l’art de la guerre ?

Ion

Ce qu’il y a de sûr, c’est que je saurais, moi, ce qu’il convient que dise un général.

Socrate

C’est que peut-être, Ion, tu es aussi un bon capitaine. Et en effet si tu étais à la fois un bon écuyer et un bon cithariste, tu reconnaîtrais les chevaux qui trottent bien ou mal ; mais si je te demandais par lequel de ces deux arts tu reconnaîtrais les chevaux qui trottent bien, par l’art de l’écuyer ou par celui du cithariste, que me répondrais-tu ?

Ion

Je te répondrais que c’est par l’art de l’écuyer.