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ténèbres ; vos sanglots éclatent, vos joues sont baignées de larmes ; des fantômes remplissent le vestibule, des fantômes remplissent la cour, se dirigent vers l’Erèbe, au pays des ténèbres ; le soleil est mort dans le ciel et une obscurité funeste s’est abattue sur le monde. »

Il en parle aussi en plusieurs endroits de l’Iliade, par exemple dans l’attaque du retranchement, où il dit :

« Car un oiseau vint sur eux, comme ils brûlaient de franchir le fossé, un aigle au vol élevé qui laissait l’armée à sa gauche. Il tenait en ses griffes un énorme serpent, couleur de sang, vivant encore. Le serpent se débattait vivement et ne renonçait pas à la lutte ; car, s’étant recourbé par derrière, il frappa l’aigle qui le tenait, à la poitrine, près du cou, et l’aigle le lâcha, sous le coup de la douleur, et le laissa tomber à terre au milieu des troupes, puis, ayant poussé un cri, il s’abandonna au souffle du vent. »

Ces passages, te dirai-je, et les passages semblables, c’est au devin qu’il convient de les examiner et de les juger.

Ion

Ce que tu dis est juste, Socrate.

Socrate

X. — Ta réponse aussi l’est, Ion. Mais allons ! à ton tour. Comme je t’ai extrait de l’Odyssée et de l’Iliade des traits qui relèvent du devin, des traits qui relèvent du médecin et des traits qui relèvent du pêcheur, extrais-moi, toi aussi, puisque tu es plus versé que moi dans les choses homériques, des traits qui relèvent du rhapsode, Ion, et de l’art du rhapsode, qu’il appartient au rhapsode d’examiner et de juger, préférablement aux autres hommes.

Ion

Tous relèvent du rhapsode, Socrate, je te l’affirme.

Socrate

Non, Ion, tu ne peux pas dire tous ; as-tu si peu de mémoire ? Il serait regrettable pour un rhapsode d’être sujet à l’oubli.

Ion