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SOCRATE

Sommes-nous satisfaits de cette conclusion et disposés à dire que le beau n’est pas bon et que le bon n’est pas beau ?

HIPPIAS

Non, par Zeus, je n’en suis pas satisfait du tout.

SOCRATE

Par Zeus, tu as raison, Hippias, et moi-même, c’est ce qui me satisfait le moins dans ce que nous avons dit.

HIPPIAS

C’est aussi mon avis.

SOCRATE

XXII. — Dès lors il semble bien, contrairement à ce qui nous paraissait juste tout à l’heure, que cette merveilleuse définition qui faisait consister le beau dans ce qui est avantageux et dans ce qui est utile et capable de produire quelque bien n’a rien de merveilleux et qu’elle est même encore, si c’est possible, plus ridicule que les précédentes, où nous pensions que le beau était une jeune fille et chacune des autres choses que nous avons énumérées.

HIPPIAS

Il y a toute apparence.

SOCRATE

Et moi, Hippias, je ne sais plus où me tourner, et je suis bien embarrassé. Mais toi, as-tu quelque chose à proposer ?

HIPPIAS

Pas pour le moment ; mais, comme je te le disais tout à l’heure, je suis sûr qu’en réfléchissant je trouverai.

SOCRATE

Mais moi, je ne crois pas, tant je suis avide de savoir, que j’aie la patience de t’attendre. Aussi bien, je crois qu’il vient de me venir une bonne idée. Vois donc : si nous appelions beau ce qui nous cause du plaisir, non pas toute espèce de plaisirs, mais ceux qui nous viennent de l’ouïe et de la vue, comment pourrions-nous