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Evidemment.

SOCRATE

Cependant c’est par la puissance que sont capables ceux qui le sont, car ce n’est pas, n’est-ce pas, par l’impuissance ?

HIPPIAS

Non, certes.

SOCRATE

On a donc toujours la puissance de faire ce qu’on fait ?

HIPPIAS

Oui.

SOCRATE

Or tous les hommes, dès leur enfance, font beaucoup plus souvent le mal que le bien et commettent des fautes involontairement.

HIPPIAS

C’est vrai.

SOCRATE

Mais alors, cette puissance et ces choses utiles, si elles servent à faire le mal, dirons-nous qu’elles sont belles ou qu’il s’en faut de beaucoup ?

HIPPIAS

Il s’en faut de beaucoup, Socrate, à mon avis.

SOCRATE

A ce compte, Hippias, nous ne pouvons admettre, ce semble, que le puissant et l’utile soient le beau.

HIPPIAS

Pourquoi non, Socrate, s’ils sont puissants et utiles pour le bien ?

SOCRATE

XXI. — Adieu donc l’identité du beau avec le puissant et l’utile considérés absolument. Mais alors, Hippias, ce que nous avions dans l’esprit et que nous voulions dire, c’était que l’utile et le puissant appliqués à une bonne fin sont le beau.

HIPPIAS

Je le crois.