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aire, ni pour le beau, ni pour toute autre chose. Nous avons à choisir entre les deux opinions : la convenance est-elle ce qui fait que les choses sont belles, ou ce qui fait qu’elles le paraissent ?

HIPPIAS

C’est ce qui fait qu’elles le paraissent, à mon avis, Socrate.

SOCRATE

Ah ! Hippias, voilà la connaissance de ce qu’est le beau qui s’en va et nous échappe, puisque la convenance nous est apparue comme différente du beau.

HIPPIAS

C’est vrai, par Zeus, Socrate, et cela me paraît bien étrange.

SOCRATE

Quoi qu’il en soit, ami, ce n’est pas encore le moment de lâcher prise ; car j’ai toujours espoir de découvrir ce que peut être le beau.

HIPPIAS

Sois-en sûr, Socrate ; il n’est même pas difficile à trouver. Je suis certain, quant à moi, que je n’ai qu’à me retirer un moment dans la solitude et à y réfléchir à part moi pour te donner une définition plus exacte que toute exactitude possible.

SOCRATE

XIX. — Ah ! Hippias, ne te vante pas. Tu vois que d’embarras le beau nous a déjà causés ; prends garde qu’il ne se fâche contre nous et ne s’enfuie de plus belle. Mais j’ai tort de parler ainsi ; car toi, je pense, tu n’auras pas de peine à le trouver quand tu seras seul. Seulement, au nom des dieux, trouve-le en ma présence et, si tu le veux bien, continue à le chercher avec moi. Si nous trouvons, tout sera pour le mieux ; sinon, je me résignerai à mon sort et toi, aussitôt parti, tu le trouveras aisément. J’ajoute que, si nous le trouvons maintenant, tu peux être tranquille, je ne t’importunerai pas en te demandant ce que c’est que tu as trouvé seul. Mais