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qu’elles ne sont et ne les laisse pas paraître telles qu’elles sont ; mais ce qui les fait réellement belles, qu’elles le paraissent ou non, voilà, je le répète, ce qu’il faut essayer de définir c’est là ce que nous cherchons, si nous cherchons le beau.

HIPPIAS

Mais la convenance, Socrate, produit par sa présence à la fois la réalité et l’apparence de la beauté.

SOCRATE

Il est donc impossible que les objets réellement beaux ne paraissent pas tels, du moment qu’ils ont en eux ce qui les fait paraître beaux ?

HIPPIAS

C’est impossible.

SOCRATE

XVIII. — Alors admettrons-nous, Hippias, que tout ce qui est réellement beau en fait d’usages et d’occupations est toujours tenu pour beau et paraît tel à tout le monde, ou, tout au contraire, qu’on en ignore la beauté et qu’il n’y a rien qui provoque plus de querelles et de luttes dans la vie privée chez les particuliers et dans la vie publique au sein des États ?

HIPPIAS

C’est plutôt la seconde alternative qui est vraie, Socrate, celle de l’ignorance.

SOCRATE

Cela ne serait pas, si l’apparence s’ajoutait à la réalité. Or elle s’y ajouterait, si la convenance était le beau et si elle ne communiquait pas seulement aux choses la réalité, mais encore l’apparence de la beauté. Si donc la convenance est ce qui fait que les choses sont belles, elle est peut-être le beau que nous cherchons, mais n’est pas ce qui les fait paraître belles. Si au contraire la convenance est ce qui les fait paraître belles, elle ne saurait être le beau que nous cherchons, puisque celui-ci fait que les choses sont belles. Quant à leur donner à la fois la réalité et l’apparence, la même cause ne saurait jamais le f