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i dire ; mais toi, Hippias, estimes-tu que le beau est ce qui convient ?

HIPPIAS

C’est exactement mon opinion, Socrate.

SOCRATE

Examinons la question, de peur de nous tromper.

HIPPIAS

Oui, il faut l’examiner.

SOCRATE

Vois donc. Dirons-nous que la convenance est ce qui fait paraître beaux les objets où elle se trouve, ou ce qui les rend réellement beaux, ou n’est-ce ni l’un ni l’autre ?

HIPPIAS

Je crois pour ma part...

SOCRATE

Quoi ?

HIPPIAS

Que c’est ce qui les fait paraître beaux. C’est ainsi, par exemple, que, lorsqu’un homme, d’ailleurs ridicule, met des vêtements ou des chaussures qui lui vont bien, il en paraît plus beau.

SOCRATE

Si la convenance fait paraître les choses plus belles qu’elles ne sont, c’est donc une tromperie sur la beauté et elle n’est pas ce que nous cherchons, Hippias ; car ce que nous cherchons, c’est ce par quoi toutes les belles choses sont belles, comme c’est la supériorité de la taille qui fait que toutes les choses grandes sont grandes ; c’est en effet par cette supériorité que toutes sont grandes ; même si elles ne le paraissent pas, mais qu’elles dépassent les autres, elles sont nécessairement grandes. De même, disons-nous, qu’est-ce que peut bien être le beau, qui rend belles toutes les belles choses, qu’elles le paraissent ou non ? Il ne saurait être la convenance, puisque, d’après ce que tu dis, il fait paraître les choses plus belles