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e pense.

SOCRATE

« Tu penses donc aussi, dira-t-il, contrairement à ce que tu disais tout à l’heure, qu’être enseveli par ses descendants après avoir enterré ses parents, est quelquefois et pour quelques-uns une chose qui n’est pas belle, je dirai plus, qu’il est impossible, ce me semble, qu’elle ait été et soit belle pour tout le monde ; en sorte que ce prétendu beau est sujet aux mêmes inconvénients que les précédents, la fille et la marmite, et à de plus ridicules encore ; car il est beau pour les uns et laid pour les autres. Tu n’es pas encore capable, Socrate, même aujourd’hui, dira-t-il, de répondre à ma question sur la nature du beau. » Tels sont à peu près les reproches qu’il me fera et avec justice, si je lui réponds comme tu me le conseilles.

XVII. — C’est à peu près ainsi qu’il me parle le plus souvent, Hippias. Quelquefois pourtant, comme s’il avait pitié de mon inexpérience et de mon ignorance, il me suggère lui-même une solution et me demande si le beau ne me paraît pas être telle ou telle chose, et il fait de même pour tout autre sujet sur lequel il m’interroge et qui fait l’objet de notre entretien.

HIPPIAS

Qu’entends-tu par là, Socrate ?

SOCRATE

Je vais te l’expliquer. « Mon bon Socrate, me dit-il, laisse là ces réponses et n’en fais plus de pareilles : elles sont par trop naïves et trop faciles à réfuter. Examine plutôt si le beau ne serait point ce que nous avons touché tout à l’heure dans notre réponse, lorsque nous avons dit que l’or est beau là ou il convient et laid où il ne convient pas, et de même pour tout le reste où cette convenance se trouve. Examine à présent cette convenance en elle-même et dans sa nature, pour voir si par hasard elle est le beau. » Moi, j’ai l’habitude d’acquiescer à toutes les propositions de ce genre, parce que je ne sais quo