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HIPPIAS

Je vais te la donner. Ce que tu veux pouvoir répondre, c’est, si je ne me trompe, que le beau est quelque chose qui ne paraîtra laid en aucun temps, en aucun lieu, à aucun homme.

SOCRATE

C’est cela même, Hippias, et cette fois tu saisis bien ma pensée.

HIPPIAS

Ecoute donc et sache que, si l’on peut faire une objection à ma définition, je déclare moi-même que je n’y entends absolument rien.

SOCRATE

Parle donc vite, au nom des dieux.

HIPPIAS

Je dis donc que pour tout homme, en tout temps et en tout lieu, ce qu’il y a de plus beau au monde, c’est d’être riche, bien portant, honoré par les Grecs, de parvenir à la vieillesse et, après avoir fait de belles funérailles à ses parents morts, de recevoir de ses enfants de beaux et magnifiques honneurs funèbres.

SOCRATE

XIV. — Oh ! oh ! Hippias, cette réponse est admirable, sublime et vraiment digne de toi. Par Héra, je suis charmé de voir avec quelle bonté tu fais ce que tu peux pour me venir en aide. Mais nous ne tenons pas notre homme ; au contraire, il va maintenant redoubler ses moqueries à notre égard.

HIPPIAS

Mauvaises moqueries, Socrate ; car s’il n’a rien à opposer à ma définition et qu’il se moque, c’est de lui-même qu’il rira et il sera moqué lui-même par les auditeurs.

SOCRATE

C’est peut-être vrai ; mais peut-être aussi cette réponse pourrait bien, comme je le présume, m’attirer autre chose que des mo