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HIPPIAS

Avoue-le, du moins lorsqu’elle ne convient pas.

SOCRATE

« Mais alors, savant homme, dira-t-il, l’ivoire et l’or ne font-ils pas paraître belles les choses auxquelles ils conviennent, et laides celles auxquelles ils ne conviennent pas ? » Le nierons-nous ou avouerons-nous qu’il a raison ?

HIPPIAS

Nous avouerons que ce qui convient à une chose, c’est cela qui la rend belle.

SOCRATE

Il me dira ensuite : « Qu’est-ce qui convient à la marmite dont nous parlions tout à l’heure, la belle, quand on la met sur le feu, pleine de beaux légumes ? Est-ce une mouvette d’or ou une de bois de figuier ?

HIPPIAS

XIII. — O Héraclès ! quel homme est-ce là, Socrate ? Ne veux-tu pas me dire qui c’est ?

SOCRATE

Quand je te dirais son nom, tu ne le connaîtrais pas.

HIPPIAS

Je sais du moins dés à présent que c’est un homme sans éducation.

SOCRATE

Il est insupportable, Hippias. Que lui répondrons-nous cependant ? Laquelle des deux mouvettes convient à la purée et à la marmite ? N’est-ce pas évidemment celle qui est en bois de figuier ? Elle donne une meilleure odeur à la purée ; en outre, Hippias, avec elle, on ne risque pas de casser la marmite, de répandre la purée, d’éteindre le feu et de priver d’un plat fort appétissant ceux qui comptaient s’en régaler, tous accidents qui peuvent arriver avec la mouvette d’or, en sorte que nous devons dire, à mon avis, que la mouvette en bois de