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HIPPIAS

Parle donc.

SOCRATE

X. — « Tu es bien bon, Socrate, dira-t-il. Mais une belle cavale, n’est-ce pas quelque chose de beau, puisque le dieu lui-même l’a vantée dans son oracle ? » Que répondrons-nous, Hippias ? Pouvons-nous faire autrement que de reconnaître que la cavale a de la beauté, quand elle est belle ? car comment oser nier que le beau ait de la beauté ?

HIPPIAS

Tu as raison, Socrate ; car ce que le dieu a dit est exact le fait est qu’on élève chez nous de très belles cavales.

SOCRATE

« Bien, dira-t-il. Et une belle lyre, n’est-ce pas quelque chose de beau ? » En conviendrons-nous, Hippias ?

HIPPIAS

Oui.

SOCRATE

Après cela, mon homme dira, j’en suis à peu près sûr d’après son caractère : « Et une belle marmite, mon excellent ami ? N’est-ce pas une belle chose ? »

HIPPIAS

Ah ! Socrate, quel homme est-ce là ? Quel malappris, d’oser nommer des choses si basses dans un sujet si relevé ?

SOCRATE

Il est comme cela, Hippias, tout simple, vulgaire, sans autre souci que celui de la vérité. Il faut pourtant lui répondre, à cet homme, et je vais dire le premier mon avis. Si la marmite a été fabriquée par un bon potier, si elle est lisse et ronde et bien cuite, comme ces belles marmites à deux anses qui contiennent six conges et qui sont de toute beauté, si c’est d’une pareille marmite qu’il veut parler, il faut convenir qu’elle est belle ; car comment prétendre qu’une chose qui est belle n’est pas