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SOCRATE

Et aussi qu’il n’y a pas entre les deux de troisième état qui fasse que l’homme ne soit ni sensé ni insensé ?

ALCIBIADE

Je l’ai avoué en effet.

SOCRATE

Mais peut-il y avoir deux contraires à une seule chose ?

ALCIBIADE

Pas du tout.

SOCRATE

Dès lors le manque de bon sens et la folie risquent fort d’être la même chose ?

ALCIBIADE

Apparemment.

SOCRATE

III. — Donc, Alcibiade, en disant que tous les insensés sont fous, nous dirons bien. C’est vrai, par exemple, de tes camarades, s’il y en a qui manquent de sens, et il y en a sûrement, vrai aussi des gens plus âgés. Dis-moi en effet, au nom de Zeus, ne trouves-tu pas que dans la ville les hommes sensés sont rares, et que le grand nombre, ceux que tu traites de fous, sont insensés ?

ALCIBIADE

Si.

SOCRATE

Eh bien, crois-tu que nous puissions vivre en joie dans la société de tant de fous et que nous n’eussions pas, depuis longtemps, porté la peine de ce voisinage par les coups et blessures et autres violences que les fous commettent d’ordinaire ? Prends donc garde, bienheureux Alcibiade, que la chose ne soit autrement que tu le dis.

ALCIBIADE

Comment est-elle donc, Socrate ? Il se peut en effet qu’elle soit autre que je l’ai cru.