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axagore, se sont tous ou presque tous manifestement tenus loin des affaires publiques ?

HIPPIAS

Quel motif veux-tu que ce soit, Socrate, sinon qu’ils en étaient incapables et n’étaient pas assez intelligents pour embrasser à la fois les affaires de l’État et celles des particuliers ?

SOCRATE

II. — Faut-il donc, au nom de Zeus, croire que, comme les autres arts se sont perfectionnés et que les ouvriers du temps passé étaient de piètres artisans au prix de ceux d’aujourd’hui, votre art a vous, les sophistes, s’est perfectionné de même, et que ceux des anciens qui se sont appliqués à la sagesse sont de piètres savants à côté de vous ?

HIPPIAS

C’est parfaitement exact.

SOCRATE

Ainsi donc, Hippias, si Bias ressuscitait à présent parmi nous, il ferait rire de lui à côté de vous, de même que Dédale, à entendre les sculpteurs, s’il vivait de notre temps et créait des oeuvres comme celles qui ont fait sa renommée, ne récolterait que moqueries.

HIPPIAS

Oui, Socrate, il en serait comme tu dis. Cependant moi, j’ai l’habitude, à l’égard des anciens et de nos devanciers, de les louer les premiers et plus que ceux d’aujourd’hui ; car je me garde de la jalousie des vivants et je redoute le ressentiment des morts.

SOCRATE

Voilà qui est bien parler et raisonner, Hippias, à ce qu’il me semble. Je puis moi-même attester avec toi que c’est la vérité et qu’en effet votre art s’est perfectionné pour ce qui est de pouvoir traiter les affaires publiques en même temps que les affaires privées. Par exemple Gorgias le sophiste bien connu de Léontini, qui est venu ici en ambassade au nom de son pays, parce qu’il était