voix, mais s’entendrait elle-même et les autres ouïes et ce qui n’est pas ouïe ?
— Pas davantage.
— En un mot, prends toutes les sensations et cherche si tu en trouves une qui soit la sensation d’elle-même et des autres sensations et qui ne perçoive rien de ce que les autres perçoivent.
— Je ne crois pas qu’il y en ait.
— Et parmi les désirs, en vois-tu un qui ne soit le désir d’aucun plaisir, mais de lui-même et des autres désirs ?
— Non, certes.
— Pas plus, je crois, qu’une volonté qui ne voudrait aucun bien, mais se voudrait elle-même et les autres volontés ?
— Non, en effet.
— Et pourrais-tu citer un amour qui ne serait l’amour d’aucune beauté, mais de lui-même et des autres amours ?
— Non, dit-il.
— As-tu déjà vu une crainte qui se craigne elle-même et les autres craintes, mais ne craint aucun danger ?
— Non, je n’en ai pas vu, dit-il.
— Ou une opinion qui soit l’opinion des opinions et d’elle-même et qui n’ait aucune opinion des objets dont opinent les autres ?
— Pas du tout.
— Mais à propos de science, nous affirmons, à ce qu’il paraît, qu’il en est une qui n’est la science d’aucune connaissance, mais la science d’elle-même et des autres sciences.
— Nous l’affirmons, en effet.
— N’est-ce pas une chose étrange, si réellement elle existe ? car il ne faut pas encore affirmer qu’elle n’existe pas, mais rechercher si elle existe.
— Tu as raison.
XVI. — Voyons donc : cette science est science de quelque chose et elle a la propriété de se rapporter à quelque chose, n’est-ce pas ?
— Assurément.