sagesse consiste à faire ce qui nous regarde » pensait autrement qu’il ne parlait. Ou bien crois-tu que le maître d’école ne fait rien, lorsqu’il écrit ou qu’il lit ?
— Je crois au contraire qu’il fait quelque chose, répondit-il.
— Crois-tu que le maître d’école n’écrit et ne lit que son nom et ne vous enseigne à lire et à écrire que les vôtres, et n’écriviez-vous pas les noms de vos ennemis tout aussi bien que les vôtres et ceux de vos amis ?
— Tout aussi bien.
— Et en faisant cela, est-ce que vous vous mêliez de ce qui ne vous regardait pas et manquiez-vous de sagesse ?
— Nullement.
— Et cependant ce n’est pas vos propres affaires que vous faisiez, s’il est vrai qu’écrire et lire, c’est faire quelque chose.
— Assurément, c’est faire quelque chose.
— Et guérir, mon ami, et bâtir, et tisser, et exécuter n’importe quel ouvrage dans un métier quelconque, c’est sûrement faire quelque chose.
— Sûrement.
— Mais alors, dis-je, crois-tu qu’une ville serait bien gouvernée, si la loi ordonnait à chacun de tisser et de laver son vêtement, de fabriquer ses chaussures, sa burette à huile, son étrille et tout le reste de même, sans mettre la main aux affaires d’autrui, sans que chacun confectionnât et fît autre chose que ses propres affaires ?
— Non, je ne le crois pas, dit-il.
— Cependant, repris-je, un État serait bien gouverné s’il l’était sagement.
— Sans doute, dit-il.
— Alors, repris-je, en agir ainsi et faire ainsi ses propres affaires, ce n’est pas la sagesse.
— Evidemment non.
— Il parlait donc apparemment d’une manière énigmatique, comme je le disais tout à l’heure, celui qui prétendait