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— C’est mon avis.

— Mais quoi ? repris-je, ne crois-tu pas qu’Homère a raison de dire :

« La pudeur n’est pas une bonne compagne pour un homme dans le besoin ».

— Si, répliqua-t-il.

— A ce compte, la pudeur est donc à la fois mauvaise et bonne.

— Il paraît.

— Mais la sagesse est bonne, puisqu’elle rend bons ceux chez qui elle se trouve, et ne les rend jamais mauvais.

— Je ne puis qu’approuver ce que tu dis.

— J’en conclus que la sagesse n’est pas la pudeur, puisque l’une est un bien et que la pudeur n’est pas plus un bien qu’un mal.

IX. — Voilà qui est bien dit, Socrate, à ce qu’il me semble. Mais vois un peu ce que tu penses de cette autre définition de la sagesse. Je viens en effet de me rappeler une chose que j’ai entendu dire à quelqu’un, c’est que la sagesse est pour chacun de nous de faire ce qui le regarde. Examine donc si l’auteur de cette définition te paraît avoir touché juste.

— Coquin, m’écriai-je, c’est de Critias que tu tiens cela, ou de quelque autre habile homme.

— De quelque autre sans doute, dit Critias, car ce n’est certainement pas de moi.

— Mais qu’importe, Socrate, dit Charmide, de qui je le tiens ?

— Il n’importe en rien, dis-je ; car nous n’avons pas du tout à examiner qui l’a dit, mais si c’est vrai ou non.

— En ceci tu as raison, dit-il.

— Oui, par Zeus, repris-je ; mais si nous en découvrons le sens exact, j’en serai bien surpris ; car cela ressemble à une énigme.

— Et en quoi ? demanda-t-il.

— En ce que probablement, dis-je, l’auteur de la définition : « La