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Socrate, revenu de Potidée, se rend à la palestre de Tauréas. Après avoir donné à la compagnie qui s’y trouvait réunie des nouvelles de la guerre, il s’enquiert à son tour de ce que devient la philosophie et des jeunes gens qui se distinguent par leur esprit et par leur beauté. Critias lui présente son jeune cousin et pupille Charmide, le plus beau et le plus sage des jeunes gens de son âge. Charmide souffre d’un mal de tête. Socrate propose de le guérir par un remède qu’il a appris d’un médecin thrace ; mais ce remède, pour agir, doit être accompagné d’une incantation qui guérira d’abord l’âme, si l’âme n’est pas sage. Celle de Charmide l’est-elle assez pour qu’il se passe de l’incantation ? Voilà ce dont il faut s’assurer. Ainsi s’engage la conversation sur la sagesse, laquelle fait le sujet de ce dialogue. Nous disons la sagesse, mais le mot grec 6wcppoaûv7~, que nous traduisons ainsi faute de mieux, n’a pas tout à fait le même sens que le mot français. Ewy,ooaûvr~, qui étymologiquement signifie « esprit sain », marquait, au temps de Platon, l’idée complexe de tempérance, de mesure, de modestie. Il faut s’en souvenir pour suivre les différentes phases de la discussion qui va s’engager.

« Puisque tu es sage, dit Socrate à Charmide, tu peux, en regardant bien en toi, dire ce qu’est la sagesse. — La sagesse, répond le jeune homme, c’est le calme et la mesure qu’on porte dans toutes ses actions. À quoi Socrate répond, en substituant l’idée de lenteur à celle de calme, qu’il y a des cas très nombreux où la vitesse est préférable à la lenteur et par conséquent plus sage.