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NICIAS

Il ne le semble pas.

SOCRATE

Nous n’avons donc pas trouvé, Nicias, ce que c’est que le courage.

NICIAS

Évidemment non.

LACHÈS

Je croyais pourtant bien, cher Nicias, que tu ne manquerais pas de le trouver, toi qui traitais avec tant de mépris mes réponses à Socrate, et j’avais grand espoir que tu en viendrais à bout, grâce à la science que tu tiens de Damon.

NICIAS

XXX. — C’est bien fait à toi, Lachès, de croire encore que ce n’est rien d’avoir paru tout à l’heure absolument ignorant de ce qu’est le courage. Ce à quoi tu tiens, c’est que je montre la même ignorance que toi, et peu t’importe, je le vois, d’ignorer avec moi des choses que devrait savoir tout homme qui pense être quelqu’un. Et sans doute tu ne fais rien en cela qui ne soit bien humain : tu regardes les autres et tu oublies de te regarder toi-même. Quant à moi, je crois m’être aujourd’hui assez bien expliqué sur la question et, si j’ai commis quelque erreur, j’espère bien la corriger dans la suite avec l’aide de Damon, dont tu crois bon de te moquer, sans même le connaître de vue, et avec le secours de beaucoup d’autres. Quand j’aurai affirmé mes connaissances, je t’en ferai part et ne t’en cacherai aucune ; car tu me parais avoir grand besoin de t’instruire.

LACHÈS

Tu es un savant, toi, Nicias. Néanmoins je conseille à Lysimaque et à Mélèsias, en ce qui concerne l’éducation de leurs enfants, de nous laisser de côté, toi et moi, mais de retenir Socrate, comme je l’ai dit d’abord, et, si mes enfants étaient en âge, c’est juste cela que je