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rrogions sur la nature du courage tout entier. Et maintenant il résulte de ce que tu dis que le courage n’est pas seulement la science de ce qui est à craindre et de ce qui ne l’est pas, mais plutôt celle de tous les biens et de tous les maux en toutes circonstances, si l’on en juge par ce que tu dis à présent. Est-ce bien là ta nouvelle opinion, Nicias ? qu’en dis-tu ?

NICIAS

Elle me paraît s’imposer, Socrate.

SOCRATE

Mais alors, mon merveilleux ami, crois-tu qu’il ne posséderait pas la vertu tout entière, l’homme qui connaîtrait tous les biens et saurait parfaitement comment ils arrivent, arriveront, ou sont arrivés, et connaîtrait de même tous les maux ? Et crois-tu qu’il manquerait de sagesse, de justice et de piété, cet homme qui, dans ses rapports avec les dieux et avec les hommes, aurait seul le don d’être toujours sur ses gardes à l’égard de ce qui est à craindre ou ne l’est pas et de se procurer des biens, parce qu’il saurait se comporter comme il faut avec eux ?

NICIAS

Ce que tu dis là, Socrate, me paraît assez juste.

SOCRATE

Ce n’est donc pas, Nicias, d’une partie de la vertu que tu parles à présent, mais de la vertu tout entière.

NICIAS

Il le semble.

SOCRATE

Cependant nous avons dit que le courage n’est qu’une partie de la vertu.

NICIAS

Nous l’avons dit en effet.

SOCRATE

Mais ce que nous disons maintenant n’est évidemment pas cela.