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ompétent pour traiter l’âme, est capable de la bien soigner et a eu pour cela de bons maîtres.

LACHÈS

Mais quoi, Socrate ? n’as-tu jamais vu d’hommes qui, sans maîtres, sont devenus plus habiles dans certains arts que s’ils avaient eu des maîtres ?

SOCRATE

Si, Lachès ; mais ceux-là auraient beau te dire qu’ils sont d’excellents artisans ; tu ne te fierais pas à eux, à moins qu’ils ne pussent te montrer quelques ouvrages de leur façon qui fussent bien réussis.

LACHÈS

En cela tu as raison.

SOCRATE

XI. — Par conséquent, nous aussi, Lachès et Nicias, puisque Lysimaque et Mélèsias nous ont appelés à délibérer au sujet de leurs fils, dont ils désirent vivement rendre les âmes aussi parfaites que possible, nous devons, si nous prétendons le pouvoir, leur nommer les maîtres que nous avons eus et leur prouver qu’étant d’abord eux-mêmes d’honnêtes gens, ils ont soigné les âmes d’un grand nombre de jeunes gens, puis nous ont transmis à nous-mêmes leur enseignement. Si l’un de nous déclare qu’il n’a pas eu de maître, mais qu’en tout cas il peut citer des œuvres de sa main, qu’il nous fasse voir parmi les Athéniens ou les étrangers, esclaves ou hommes libres, ceux que ses soins ont rendus meilleurs de l’aveu de tout le monde. Si nous ne pouvons rien de tout cela, il faut envoyer nos amis chercher conseil ailleurs et ne pas nous exposer, en corrompant leurs fils, à la plus grave responsabilité envers les êtres qui nous sont le plus chers.

Pour ce qui est de moi, Lysimaque et Mélèsias, j’avoue tout le premier que je n’ai pas eu de maître en cet art. Et cependant le sujet m’a intéressé dès ma jeunesse. Mais je n’ai pas de quoi payer les sophistes qui se proclamaient seuls capables de me rendre honnête homme.