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tissage sera ensuite fort utile dans la bataille réelle, quand il faudra combattre en ligne avec beaucoup d’autres, et il le sera surtout si les lignes sont rompues, et s’il faut dés lors se battre seul à seul, soit en attaquant dans la poursuite un homme qui se défend, soit en repoussant dans une retraite un homme qui vous attaque. Seul à seul, un homme expert en escrime n’a rien à craindre de son adversaire, ni peut-être même de plusieurs : sa science lui assure toujours l’avantage.

En outre, la science des armes inspire le goût d’une autre belle science ; car tout homme qui a appris à combattre tout armé voudra connaître aussi la science qui lui fait suite, celle de la tactique ; puis, quand il possède ces deux sciences et qu’il s’en est fait un point d’honneur, il se jette dans l’étude complète de la stratégie. On voit maintenant que toutes les sciences et tous les exercices qui se rattachent à la guerre sont beaux et méritent vraiment qu’on les apprenne et qu’on les cultive, et que la science des armes leur sert d’introduction.

Ajoutons à cela un avantage qui n’est pas sans importance, c’est qu’à la guerre cette science rend tous ceux qui la possèdent beaucoup plus hardis et plus vaillants qu’ils ne l’étaient auparavant. Ne dédaignons pas non plus cet autre profit, si mince qu’il puisse paraître, celui d’une plus belle tenue dans les cas où une belle tenue est nécessaire et où elle en imposera aux ennemis. Il me paraît donc, Lysimaque, je le répète, qu’il faut donner cet enseignement aux jeunes gens, et j’en ai dit les raisons. Si Lachès a autre chose à dire, à mon tour je l’écouterai volontiers.

LACHÈS

VI. — Il est difficile, Nicias, de dire d’une science quelconque qu’il ne faut pas l’apprendre ; car il semble qu’il y a avantage à tout savoir, et cette pratique des armes, si c’est réellement une science, comme l’affirment ceux qui l’enseignent et comme le soutient Nicias, mérite aussi d’être étudiée. Mais si ce n’est pas une science et si ce qu’on nous en promet est décevant, ou si ce n’est qu’une