Ne serait-ce pas, Euthyphron, la raison pour laquelle on m'accuse, parce que, lorsque j'entends faire sur les dieux de pareils contes, j’ai grand’peine à les admettre ? C’est pour cela, semble-t-il, qu’on prétend que je suis en faute. Mais si toi-même, tu partages leur croyance, toi qui es si bien renseigné là-dessus, nous n’avons, je crois, qu’à nous incliner. Car que pourrions-nous répliquer, nous qui convenons nous-mêmes ne rien entendre en ces matières ? Mais, au nom du dieu de l’amitié, dis-moi si tu crois réellement, toi, que ces choses soient arrivées.
Oui, Socrate, et de plus étonnantes encore, que le vulgaire ne connaît pas.
Tu crois donc, toi, qu’il y a réellement entre les dieux des guerres, des inimitiés terribles, des combats et beaucoup d’autres choses pareilles, dont les poètes nous entretiennent et dont nos bons amis les peintres ont colorié nos temples, en particulier le voile tout enluminé de ces histoires qu’on porte à l’acropole aux grandes Panathénées 100 Devons-nous admettre que toutes ces choses-là sont vraies, Euthyphron ?
Non pas seulement celles-là, Socrate, mais beaucoup d’autres encore, dont je te parlais à l’instant, et que je te raconterai sur les dieux, si tu veux. Je suis sûr qu’en les entendant, tu en seras émerveillé.
VII. — Il se pourrait ; mais tu me les raconteras à loisir une autre fois. Pour le moment, essaye de me dire plus clairement ce que je t’ai demandé tout à l’heure. Car tu n’as pas au préalaule, camarade, suffisamment répondu à ma question. qu'est-ce que la piété ? Tu t’es borné à me dire que la piété, c’est justement ce que tu fais à présent, en poursuivant ton pere pour meurtre.