Pour des raisons qui seront données à propos de chaque dialogue, j’ai cru devoir les ranger dans l’ordre suivant :
Second Alcibiade ; | Protagoras ; | Parménide ; |
Hippias mineur ; | Euthydème ; | Sophiste ; |
Premier Alcibiade ; | Gorgias ; | Politique ; |
Apologie ; | Ménexène ; | Philèbe ; |
Criton ; | Ménon ; | Timée ; |
Euthyphron ; | Cratyle ; | Critias ; |
Lachès ; | Phèdre ; | Lois ; |
Charmide ; | Banquet ; | Épinomis ; |
Lysis ; | République ; | Lettres ; |
Hippias majeur ; | Phédon ; | Dialogues suspects ; |
Ion ; | Théétète ; | Dialogues apocryphes. |
Les modernes se sont demandé si les ouvrages attribués à Platon sont tous authentiques. Déjà quelques anciens tenaient pour suspects le second Alcibiade, l’Hippias mineur, les Rivaux, l’Épinomis, sans parler des six dialogues apocryphes. Au XIXe siècle une vague de scepticisme mise en branle par le savant allemand Ast s’est étendue à plus de la moitié des dialogues, et l’on a été jusqu’à rejeter l’Euthydème, le Ménon, le Cratyle, le Philèbe et tout le groupe formé du Sophiste, du Politique et du Parménide. Toutes ces athétèses sont parties d’un principe arbitraire, c’est-à-dire de l’idée que l’on se formait de Platon, d’après certains dialogues jugés authentiques. On repoussait tout ce qui ne cadrait pas avec cette idée. Comme cette idée variait suivant l’esprit qui l’avait formée et suivant le point de vue où chacun se plaçait, les athétèses variaient aussi. Cette méthode toute subjective a fait son temps : l’on est revenu à des idées plus saines. On admet fort bien que Platon ait pu varier, que son génie ne soit pas éclos tout d’un coup, et qu’il ait pu avoir comme les autres ses défaillances et son déclin. On n’ose plus, comme on l’a fait par exemple pour l’Hippias mineur, passer par-dessus le témoignage irrécusable d’Aristote. On admet généralement comme authentiques presque tous les dialogues, sauf le Théagès, le Minos et le Clitophon. On regardait toutes les Lettres comme apocryphes : on fait exception aujourd’hui pour