converser avec Alcibiade, ne parle pas, comme il nous a paru, à ton visage, mais à Alcibiade, c’est-à-dire à son âme.
ALCIBIADE
C’est mon opinion.
SOCRATE
XXVI. — C’est donc notre âme que nous recommande de connaître celui qui nous enjoint de nous connaître nous-mêmes ?
ALCIBIADE
Il le semble.
SOCRATE
Donc celui qui connaît quelque partie de son corps, connaît ce qui est à lui, mais pas lui-même.
ALCIBIADE
C’est exact.
SOCRATE
Par conséquent aucun médecin ne se connaît lui-même, en tant que médecin, ni aucun maître de palestre, en tant que maître de palestre ?
ALCIBIADE
Non, ce me semble.
SOCRATE
Il s’en faut donc de beaucoup que les laboureurs et les autres artisans se connaissent eux-mêmes ; car ils ne connaissent même pas, semble-t-il, ce qui est à eux, mais, du fait de leur profession, des choses encore plus étrangères à celles qui leur appartiennent, puisqu’en ce qui regarde le corps, ils ne connaissent que ce qui sert à l’entretenir.
ALCIBIADE
Tu dis vrai.
SOCRATE
Si donc la sagesse consiste à se connaître soi-même, aucun d’eux n’est sage du fait de sa profession.
ALCIBIADE
Il me semble que non.