Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On divisait aussi les dialogues d’une autre manière. « Le dialogue a deux formes, nous dit Diogène Laërce ; il est diégétique (sous forme d’exposition), ou zététique (sous forme de recherche). La première se divise en deux genres : théorique ou pratique. Le théorique se subdivise à son tour en deux espèces : métaphysique ou rationnel ; le pratique aussi se subdivise en deux espèces : moral et politique. Le dialogue zététique peut avoir, lui aussi, deux formes différentes : il peut être gymnique (d’exercice) et agonistique (de combat). Le genre gymnique se subdivise en maïeutique (qui accouche les esprits) et en peirastique (qui éprouve, qui sonde). L’agonistique se subdivise également en deux espèces : l’endictique (démonstrative) et l’anatreptique (réfutative). Nos manuscrits et nos éditions ont conservé ces indications. Ils portent aussi, avec le nom propre qui désigne le dialogue, un sous-titre qui en indique le contenu. »

À l’ordre tout arbitraire des tétralogies on a essayé de nos jours de substituer un ordre chronologique qui nous permettrait de suivre l’évolution de la pensée de Platon. La tâche est extrêmement délicate et difficile. Platon semble ne s’intéresser qu’à la spéculation philosophique. Il a vécu dans une période extrêmement troublée. On ne s’en douterait guère à le lire, tant les allusions aux événements contemporains sont rares dans ses ouvrages et nous aident peu à les dater. Les témoignages des contemporains nous font également défaut et ceux qui placent le Lysis ou le Phèdre du vivant de Socrate sont plus que suspects. Mais la difficulté n’a pas arrêté les chercheurs. Le premier, Schleiermacher, a essayé d’ordonner les dialogues, en commençant par des dialogues élémentaires, en continuant par des dialogues préparatoires et en terminant par des dialogues constructifs. Après lui, K. Fr. Hermann, se plaçant à un autre point de vue, a fondé son classement sur les influences successives qu’aurait subies la pensée de Platon. Mais ces méthodes subjectives ne pouvaient donner de résultats certains. Dittenberger et dernièrement Lutoslawski ont cru obtenir des résultats plus sûrs