SOCRATE
Alors tu croyais connaître, même dès ton enfance, le juste et l’injuste ?
ALCIBIADE
Oui et je les connaissais fort bien.
SOCRATE
Et en quel temps l’avais-tu découvert ? Ce n’est pas, n’est-ce pas ? lorsque tu croyais le savoir.
ALCIBIADE
Non, assurément.
SOCRATE
En quel temps croyais-tu donc l’ignorer ? Réfléchis ce temps-là, tu ne le trouveras pas.
ALCIBIADE
En vérité, par Zeus, je ne saurais te le dire.
SOCRATE
Ce n’est donc pas pour les avoir trouvées que tu connais ces choses ?
ALCIBIADE
Evidemment non.
SOCRATE
Or tu avouais tout à l’heure que ce n’est pas non plus pour les avoir apprises que tu les connais. Mais, si tu ne les as ni trouvées ni apprises, comment les sais-tu et d’où les tiens-tu ?
ALCIBIADE
VII. — Mais peut-être que j’ai mal répondu en disant que je les connaissais pour les avoir découvertes moi-même.
SOCRATE
Mais en réalité, qu’en était-il ?
ALCIBIADE
C’est que je les ai apprises, j’imagine, comme tout le monde.
SOCRATE
Nous voilà revenus au même point. De qui les as-tu apprises ; explique-le-moi.