Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/414

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car le contact et le commerce de la beauté lui font engendrer et produire ce dont il portait le germe. Absent ou présent, il pense toujours à son bien-aimé ; et ils nourrissent en commun les fruits de leur union. Aussi le lien et l’affection qui les attachent l’un à l’autre sont-ils bien plus intimes et bien plus forts que ceux de la famille, parce que leurs enfants sont plus beaux et plus immortels. Et il n’est personne qui ne préfère de tels enfants à toute autre postérité, s’il considère et admire les productions qu’Homère, Hésiode et les autres poëtes ont laissées d’eux, la renommée et la mémoire immortelle que ces immortels enfants ont acquise à leurs pères ; ou bien encore s’il se rappelle les enfants que Lycurgue a laissés après lui à Lacédémone, et qui sont devenus le salut de cette ville, je dirai presque de la Grèce entière. Solon de même est en honneur parmi vous comme père des lois ; et d’autres grands hommes sont honorés en diverses contrées, soit en Grèce, soit chez les Barbares, parce qu’ils ont produit une foule d’œuvres admirables et enfanté toutes sortes de vertus. De tels enfants leur ont valu des temples, mais nulle part les enfants du corps n’en ont valu à personne.

Peut-être, Socrate, suis-je parvenue à t’initier jusque-là aux mystères de l’Amour ; mais quant au dernier degré de l’initiation et aux révélations les plus secrètes, auxquelles tout ce que je viens de dire n’est qu’une préparation, je ne sais si, même bien dirigé, ton esprit pourrait s’élever jusqu’à elles. Je n’en continuerai pas moins, sans rien ralentir de