Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/403

Cette page n’a pas encore été corrigée

je, est-ce que l’Amour est mortel ? — Nullement. — Mais enfin, Diotime, dis-moi, qu’est-il donc ? — C’est, comme je le disais tout à l’heure, quelque chose d’intermédiaire entre le mortel et l’immortel. — Qu’est-il donc enfin ? — Un grand démon, Socrate ; car tout démon tient le milieu entre les dieux et les hommes. — Quelle est, lui dis-je, la fonction d’un démon ? — D’être l’interprète et l’entremetteur entre les dieux et les hommes, d’apporter au ciel les prières et les sacrifices des hommes, et de rapporter aux hommes les ordres des dieux et la rémunération des sacrifices qu’ils leur ont offerts. Les démons remplissent l’intervalle qui sépare le ciel de la terre : ils sont le lien qui unit le grand tout. C’est d’eux que procède toute la science divinatoire et l’art des prêtres relativement aux sacrifices, aux mystères, aux enchantements, aux prophéties et à la magie. La nature divine n’entrant jamais en communication directe avec l’homme, c’est encore par l’intermédiaire des démons que les dieux commercent et s’entretiennent avec les hommes, soit pendant la veille, soit pendant le sommeil. Celui qui est savant dans toutes ces choses est un démoniaqueC’est-à-dire inspiré par un démon., et celui qui est habile dans le reste, dans les arts et les métiers, est un manœuvre. Les démons sont en grand nombre et de plusieurs sortes, et l’Amour est l’un d’eux. — De quels parents tire-t-il sa naissance ? dis-je à Diotime. — Je vais te le dire, répondit-elle, quoique le récit en soit un peu long.