Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/397

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qui a pris cet engagement[1]. Permettez-moi de le rompre, car je ne suis pas encore en état de vous faire un éloge de ce genre. Mais, si vous le voulez, je parlerai à ma manière, ne m’attachant qu’à dire des choses vraies, sans me donner ici le ridicule de prétendre disputer d’éloquence avec vous. Vois donc, Phèdre, s’il te convient d’entendre un éloge qui ne passera pas les bornes de la vérité, où il n’y aura de recherche ni dans les mots ni dans leur arrangement. — Phèdre et les autres personnes de l’assemblée lui dirent de parler comme il voudrait. — Permets-moi donc encore, Phèdre, reprit Socrate, de faire quelques questions à Agathon, afin que, sûr de son assentiment, je puisse parler avec plus d’assurance. — Très-volontiers, répondit Phèdre, tu n’as qu’à l’interroger. — Après quoi Socrate commença :

« Je trouve, mon cher Agathon, que tu es fort bien entré en matière en disant qu’il faut montrer d’abord quelle est la nature de l’Amour, et ensuite quels sont ses effets. J’aime tout à fait ce début. Voyons donc, après tout ce que tu as dit de beau et de magnifique sur la nature de l’Amour, dis-moi encore : l’Amour est-il l’amour de quelque chose, ou de rien[2] ? Et je ne te demande pas s’il est fils d’un père ou d’une mère, car la question serait ridicule. Mais si, par exemple, à propos d’un père, je te demandais s’il est ou non père de quelqu’un, ta réponse,

  1. Allusion à un vers de l’Hippolyte d’Euripide, v. 612.
  2. La locution grecque τινὸς ό Ёρως, signifie également l’amour de quelque chose et l’amour fils de quelqu’un.