Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/395

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nos paroles, il est notre conseiller, notre soutien et notre sauveur. Enfin, il est la gloire des dieux et des hommes, le maître le plus beau et le meilleur ; et tout mortel doit le suivre et répéter en son honneur les hymnes dont il se sert lui-même pour répandre la douceur parmi les dieux et parmi les hommes. À ce dieu, ô Phèdre, je consacre ce discours, que j’ai entremêlé de propos légers et sérieux, aussi bien que j’ai pu le faire. »

« Quand Agathon eut fini son discours, tous les assistants applaudirent et déclarèrent qu’il avait parlé d’une manière digne du dieu et de lui. Après quoi Socrate s’étant tourné vers Éryximaque : — Eh bien, dit-il, fils d’Acumène, n’avais-je pas raison de craindre, et n’étais-je pas bon prophète, quand je vous annonçais qu’Agathon ferait un discours admirable et me jetterait dans l’embarras ? — Tu as été un bon prophète, répondit Éryximaque, en nous annonçant qu’Agathon parlerait bien, mais non, je pense, en prédisant que tu serais embarrassé. — Eh ! mon cher, reprit Socrate, qui ne serait embarrassé aussi bien que moi, ayant à parler après un discours si beau, si varié, admirable en toutes ses parties, mais principalement sur la fin, où les expressions sont d’une beauté si achevée qu’on ne saurait les entendre sans en être frappé ? Je me trouve si incapable de rien dire d’aussi beau que, me sentant saisi de honte, j’aurais quitté la place si je l’avais pu ; car l’éloquence d’Agathon m’a rappelé Gorgias ; au point que, véritablement, il m’est arrivé ce que dit Homère : Je craignais qu’Agathon, en finissant, ne lançât