Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/387

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Lacédémoniens[1]. Nous devons donc prendre garde à ne commettre aucune faute contre les dieux, de peur d’être exposés à une seconde division et de devenir comme ces figures représentées de profil dans les bas-reliefs, qui n’ont qu’une moitié de visage, ou comme des dés coupés en deux[2]. Il faut donc que tous tant que nous sommes nous nous exhortions mutuellement à honorer les dieux, afin d’éviter un nouveau châtiment et de revenir à notre unité primitive, sous les auspices et la conduite de l’Amour. Que personne ne se mette en guerre avec l’Amour ; or, c’est se mettre en guerre avec lui que de s’attirer la haine des dieux. Tâchons donc de mériter la bienveillance et la faveur de ce dieu, et il nous fera retrouver l’autre partie de nous-mêmes, bonheur qui n’arrive aujourd’hui qu’à très-peu de gens. Qu’Éryximaque ne s’avise pas de critiquer ces dernières paroles, comme si elles faisaient allusion à Pausanias et à Agathon ; car peut-être sont-ils de ce petit nombre, et appartiennent-ils l’un et l’autre à la nature masculine. Quoi qu’il en soit, je suis certain que nous serons tous heureux, hommes et femmes, si, grâce à l’Amour, nous retrouvons chacun notre moitié, et si nous retournons à l’unité de notre nature primitive. Or, si cet ancien état est le meilleur, nécessairement celui qui en approche le plus est, dans ce monde, le meilleur :

  1. Les Lacédémoniens envahirent l’Arcadie, détruisirent les murs de Mantinée et en déportèrent les habitants dans quatre ou cinq endroits. Xénoph., Hellen., v. 2.
  2. Les dés dont les hôtes gardaient chacun une partie, en souvenir de l’hospitalité.