Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/376

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Car les parties du corps qui sont saines et celles qui sont malades constituent nécessairement des choses dissemblables, et le dissemblable aime le dissemblable. L’amour qui réside dans un corps sain est autre que celui qui réside dans un corps malade ; et la maxime que Pausanias vient d’établir, qu’il est beau d’accorder ses faveurs à un ami vertueux, et honteux de se rendre à celui qui est animé d’une passion déréglée, cette maxime est applicable au corps : il est beau et même nécessaire de céder à ce qu’il y a de bon et de sain dans chaque tempérament, et c’est en cela que consiste la médecine ; au contraire, il est honteux de complaire à ce qu’il y a de dépravé et de malade ; et il faut même le combattre, si l’on veut être un habile médecin. Car, pour le dire en peu de mots, la médecine est la science de l’amour dans les corps, par rapport à la réplétion et à l’évacuation ; et le médecin qui sait le mieux discerner en cela l’amour réglé d’avec le vicieux doit être estimé le plus habile ; et celui qui dispose tellement des inclinations du corps, qu’il peut les changer selon le besoin, introduire l’amour là où il n’existe pas et où il est nécessaire, et le retrancher là où il est vicieux, celui-là est un excellent praticien : car il faut qu’il sache établir l’amitié entre les éléments les plus ennemis et leur inspirer un amour mutuel. Or, les éléments les plus ennemis, ce sont les plus contraires, comme le froid et le chaud, le sec et l’humide, l’amer et le doux, et les autres de la même espèce. C’est pour avoir trouvé le moyen de mettre l’amour et la concorde