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Séance du 5 novembre 1792


réduisent, au fond, tous vos griefs ? la majorité des jacobins rejetoit vos opinions ; elle avoit tort sans doute. Le public ne vous étoit pas plus favorable. Qu*en pouvez- vous conclure en votre faveur •> (k) Direz-vous que je lui prodiguois les trésors que je n’avois pas, pour faire triompher des principes gravés dans tous les cœurs ? Je ne vous rappellerai pas qu*alors le seul objet de dissentiment qui nous divisoit, c’étoit que vous défendiez indistinctement tous les actes des nouveaux ministres, et nous les principes ; que vous paroissiez préférer le pouvoir, et nous Tégalité ; je me contenterai de vous observer qu*il résulte de vos plaintes mêmes, que nous étions divisés d’opinion dès ce temps-là. Or (1), de quel droit voulez-vous faire servir la Convention nationale elle-même à venger les disgrâces de votre amour-propre ou de votre système ? Je ne chercherai point à vous rappeler aux sentimens des âmes républicaines, mais soyez au moins aussi généreux qu’un roi : imitez Louis XII, et que le législateur oublie les injures de M. Louvet (m). Mais non ; ce n*est point Tintérêt personnel qui vous guide ; c’est l’intérêt de la liberté ; c’est l’intérêt des mœurs qui vous arme contre cette société, qui n’est plus qu’un repaire de factieux et de brigands, qui retiennent au milieu d*eux un petit nombre d* honnêtes gens trompés. Cette question est trop importante, pour être traitée incidemment ; j’attendrai le moment où votre zèle yous portera à demander la proscription des jacobins à la Convention nationale ; nous verrons alors si vous serez plus persuasifs, ou plus heureux que Léopold et Lafayette. (n)

Avant de terminer cet article, dites-nous seulement ce que vous entendez par ces deux portions du peuple, que vous distinguez dans vos discours, dans vos rappors, dont l’une est flagornée, adulée, égarée par nous, dont l’autre est paisible, mais intimidée ; dont l’une vous chérit, et l’autre semble incliner à nos principes. Votre intention seroit-elle de désigner ici, et ceux que Lafayette appeloit les honnêtes gens, et ceux qu’il nommoit les sans-culottes et la canaille ? Il reste maintenant le plus fécond et le plus intéressant des trois chapitres qui composent votre plaidoyer diffamatoire ; celui qui concerne ma conduite au conseil général de la commune. (15) On me demande d’cibord pourquoi, après avoir abdiqué la place d’accusateur public, j’ai accepté le titre d’officier municipal. Je réponds que j’ai abdiqué au mois de janvier 1792, la place lucrative et nullement périlleuse, quoi qu’on ait dit, d’accusateur pu- (15) La défense de la Commune du 10 août est un passage d’imriortance excefptionnelle, car Robespierre y fait la distinction entre l’ordre légal et constitutionnel d’une part, et les circon stances ; révolutionaires de l’autre, distinctions qui avaient été faites avant lui dès 1789 et qu’il rappellera maintes fois dans la suite pour légitimer le Gouvernement révolutionnaire.