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Séance du 29 octobre 1792

SÉANCE DU 29 OCTOBRE 1792 65

consistassent-elles qu’à écarter un système d’oppression de dessus tête d’un grand nombre de citoyens, et même de représentans du euple qui n’ont pas mérité de perdre ni~ votre confiance, ni celle de la Nation, me serait-il possible de remplir cette tâcJie, si, au moment où je monte à la tribune, je me trouvai tellement environné des préventions que je veux combattre, que ma voix fût étouffée, et si un président s’occupait de circonscrire tellement les vérités que j’ai à dire, que ma justification dût se réduire à une misérable question d’impression. (Les murmures recommencent dans une partie de r Assemblée.)

Le Président. Robespierre, si vous ne parlez pas contre l’impression, je vais la mettre aux voix.

Robespierre. Au moins, écoutez ce que je veux dire (P/iis/clts voix : Nous ne le voulons pas savoir. — D’autres : Aux voix l’impression). Comment ! je n’aurai pas le droit de vous dire que les rapports que l’on vous fait de tems à autre sont toujours dirigés vers an but unique, et que ce but est d’opprimer les patriotes qui déplaisent. (Mêmes cris, mêmes rumeurs. — Le président rappelle les interlocuteurs à l’ordre). Si les choses qui vous déplaisent sont une raison pour m ’interrompre, et si le président ? au lieu de faire respecter la liberté des suffrages et tous les principes, emploie lui-même des prétextes spécieux (il s’élève im violent murmure — On demande que Robespierre soit rappelé à l’ordre comme ayant insulté le président.) Le Président. C’est une calomnie de plus que je prie l’Assemblée de me permettre de pardonner.

Robespierre. Depuis que je parle je n’ai cessé d’entendre autour de moi les clameurs de la malveillance. (De nouvelles interruptions.) Je réduis la question à un point bien simple. Je vois qu’avec des insinuations perfides, on s’applique à désigner sous le nom de faction, des hommes qui ont bien mérité de la patrie ; et quoique je n’aie pas cet honneur, on me fait cependant celui de m’y comprendre. Il me semble que la première règle de la justice, est que dans les mêmes lieux, devant les mêmes homm.es qui ont entendu une accusation, la défense soit écoutée avec la même indulgence. Je ne vois aucune raison pour qu’un représentant du peuple ne puisse être écouté comme celui qui l’inculpe, quelque soit le titre de ce dernier. (Le silence se rétablit.) S’il en était autrement, pour perdre le meilleur citoyen, il suffirait de l’inculper aux yeux de la France entière, de jeter sur lui des soupçons vagues, liés à un système suivi d’accusation, de faire envoyer ces calomnies dans toutes les parties de la république, avec le sceau de l’autorité de l’Assemblée nationale ; et si les clameurs de la prévention empêchaient l’accusé de se faire entendre, quelle serait alors la ressource de l’innocence opprimée ? Ne serait-il pas évident qu’on pourrait alors vous accuser d’avoir foulé l^OBESPIERRE. — ’^