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Déjà ils recueillent les fruits des semences de guerre civile qu’ils ont jetées depuis si long-tems, et la ligue des traîtres de l’intérieur avec les tyrans du dehors se déclare.

On se rappellera ici que ce sont les chefs de cette faction qui, en 1791, prêtèrent à la cour le secours de leur fausse popularité, pour engager la nation dans cette guerre provoquée par la perfidie, déclarée par l’intrigue et conduite par la trahison[1]. Je leur disais, alors, aux Jacobins, où ils venaient prêcher leur funeste croisade, où Dumouriez lui-même coiffé du bonnet rouge, venait étaler tout le charlatanisme dont il est doué[2] : " Avant de déclarer la guerre aux étrangers, détruisez les ennemis du dedans ; punissez les attentats d’une cour parjure, qui cherche elle-même à armer l’Europe contre vous ; changez les états-majors qu’elle a composés de ses complices et de ses satellites ; destituez les généraux perfides qu’elle a nommés et surtout Lafayette déjà souillé tant de fois du sang du peuple. Forcez le gouvernement à armer les défenseurs de la patrie, qui demandent en vain des armes depuis deux ans ; fortifiez et approvisionnez nos places frontières, qui sont dans un dénuement absolu. Faites triompher la liberté au-dedans ; et nul ennemi étranger n’oser vous attaquer ; c’est par les progrès de la philosophie, et par le spectacle du bonheur de la France, que vous étendrez l’empire de notre révolution, et non par la force des armes et par les calamités de la guerre. En vous portant agresseurs, vous irritez les peuples étrangers contre vous ; vous favorisez les vues des despotes et celles de la cour, qui a besoin de faire déclarer la guerre par les représentans de la nation, pour échapper à la défiance et à la colère du peuple.[3]

Les chefs de la faction répondaient par des lieux communs, pour allumer l’enthousiasme des ignorants ; ils nous montraient l’Europe entière volant au-devant de la constitution française, les armées des despotes se débandant par-tout, pour accourir sous nos drapeaux, et l’étendard tricolore flottant sur les palais des électeurs, des rois, des papes et des empereurs. Ils excusaient la cour ; ils louaient les ministres, surtout Narbonne ; ils prétendaient que quiconque cherchait à inspirer de la défiance contre les ministres, contre Lafayette et contre les généraux, était un désorganisateur, un factieux, qui compromettait la sûreté de l’Etat.[4]

En dépit de toutes les intrigues, les Jacobins résistèrent constam-

  1. Campagne en faveur de la guerre, entreprise par Les Girondins dès nov. 1791. (Cf. le « D’éifpnseur de la Constitution », p. 15, note ; Discours…, 3e partie, Jac., 28 nov. 1791 et 25 janv. 1792).
  2. Voir Discours… 3e partie, Jac., 19 mars 1793.
  3. Cf Discours… 3e partie, Jac., 26 mars 1792.
  4. Sur tous les détails de cette campagne des Girondins, en faveur de la guerre, voir le Défenseur de la Constitution, et Discours… 3e partie, séances des 18 déc. 1792 et 2 janv. 1793. Voir également G. Lefebvre et J. Poperen, Sur le ministère Narbonne, (A.h.R.F., 1947, p. 1.)