Page:Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre, tome 9.djvu/378

Cette page n’a pas encore été corrigée

90. — SEANCE DU 10 AVRIL 1793

Contre Brissot et les Girondins



Petion donne lecture d’un projet d’adresse à la Convention, rédigé par la section de la Halle aux Blés, et qui circule depuis le 7 avril dans les sections parisiennes[1]. On y déclare « que la majorité de l’Assemblée est corrompue » et on demande entre autres choses[2] « que les députés reconnus coupables soient décrétés d’accusatioin ». Les membres de l’extrême-gauche ayant applaudi, le débat s’engage dans le tumulte. Danton s’élève violemment contre la motion de Petion, de faire comparaître à la barre le président et les secrétaires de la section. Après Boyer-Fonfrède, Delahaye[3], qui signale le passage à Sées de Philippe-Égalité[4] et Guadet, qui voudrait faire nommer des commissaires pour traduire les conspirateurs devant le Tribunal révolutionnaire[5], Robespierre intervient pour dénoncer la conduite des Girondins. Vergniaud lui répond, et son discours se prolonge dans la séance du soir[6]. L’Assemblée se sépare sans qu’une décision soit intervenue.

Lettre de Robespierre à ses commettans, n° 10, p. 475 et s.

Une faction puissante conspire avec les tyrans de l’Europe pour nous donner un roi, avec une espèce de constitution aristocratique[7]. Elle espère nous amener à cette transaction honteuse, par la force des armes étrangères, et par les troubles du dedans. Ce système convient

  1. Texte reproduit dans le Mon. XVI, 100, et les Arch. parl., LXI, 522, qui signalent que le président de la section serait Bréquehu.
  2. Cette adresse reprend en grande partie les demandes formulées par les Robespierre (séances des Jacobins des 3 et 5 avril). Elle y ajoute une loi contre l’accaparement et l’interdiction de la vente du numéraire, mais elle insiste sur la mise en accusation de Roland et autres, et la destitution des députés « qui n’ont pas eu le couriage de défendre la République. » Robespierre, cependant, la jugea dangereuse, peut-être parce qu’en parlant de destitution elle paraissait mener à l’appel au peuple, et qu’il flairait une manœuvre de Danton. D’après Beaulieu (Essais historiques), l’adresse aurait été rédigée par Réal, substitut de Chaumette, et dont les liaisons avec Danton étaient connues. Réal aurait fait présenter le texte à la section de la Halle aux blés par La Chevardière, membre du département de Paris. (V. G. Ldfebvre, La Convention, cours ronéotypé, t. Il, p. 5.)
  3. Delahaye (Jaoques-Gharles-Gabriel), député de la Seine-Inférieure, vota, dans le procès du roi, pour l’appel au peuple.
  4. Lettre du 5 avril, signée Anquelin (Arch. parl., LXI, 528).
  5. Il s’agit « des conspirateurs de la Vendée et autres », dont Philippe-Égalité et ses complices.
  6. Voir Mon., XVI, 112-119.
  7. « Composée de deux chambres », ajoutent le Jal des débats et décrets (n° 206, p. 170), le Mercure universel (t. XXVI, p. 173), et le Journal universel, p. 4498.