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Séance du 13 mars 1793


A Montpellier, il n’y a plus que des aristocrates (17), et le despotisme, arme de la loi, plane sur la surface de la république. Si nous avions été prêts à mourir avec le peuple ou à triompher avec lui, leur trame eût été impuissante ; mais nos ennemis ont des émissaires dans les groupes, ils sont les maîtres des mouvemens populaires, parce qu’ils disposent de tous les trésors. Personne ne craint plus qu’eux les véritables insurrections ; mais il leur faut des petits mouvemens partiels pour empêcher les grands. Il leur faut des conjurations factices pour empêcher l’exercice du pouvoir d’un grand peuple. L’insouciance de quelques patriotes, l’imprudence, la témérité des autres secondent leurs vues perfides. Vous n’avez fait aucun acte criminel ; la société est restée calme et tranquille ; on ne peut lui reprocher aucune démarche indiscrète nécessitée par une juste indignation. Mais on a profité de quelques propos tenus dans les cafés par des hommes soudoyés ou trompés. Je le répète, la société entière est intacte ; sa conduite est pure et majestueuse. Quelques indiscrétions partielles ont éclaté dans son sein, mais les indiscrets ne sont pas moins des patriotes, et ceux contre lesquels ils se sont indignés ne sont pas moins des traîtres ; et ces derniers ne peuvent se transformer en patriotes, pour écraser les bons citoyens. (Applaudissemens.)

Il est évident que l’on veut anéantir les sociétés populaires, que l’on veut, en calomniant Paris, l’isoler des autres départemens ; il est évident que dans une société d’hommes libres il faut s’occuper du salut public qui exige que la loi frappe les véritables conspirateurs qui veulent ressusciter le despotisme. Il est évident que les patriotes égarés ne peuvent être punis que quand les traîtres auront subi la sévérité des loix.

Il faut examiner si les chefs des conspirateurs n’ont pas excité eux-mêmes le mouvement qu’ils veulent punir. Il faudrait que ce tribunal révolutionnaire commençât ses opérations, non pas par les Jacobins, non pas par les députés de la Montagne, mais par les émigrés, (il7) Desifieux ^envoyé dans les départements, a^ait communiqué le 14 déc. 1792 f ?es observations sur l’esprit public de Montpellier à la Société. Il avait mio :ntré les autorités de cette ville compilètertient soumises aux Girondins. Le 30 déc, Chabot, à son tour, dénonçait une lettre adressée par 9 sections de Montpellier h Roland, (( lettre plus basse, plus rampante que celle écrite au roi par le département de la Somme ». Oî. ci-dessus, séance du 10 mars, note 9. D’autre part, le 24 mars, A. Dumont donna lecture à la Convention d’une adresse de la Société populaire d’Amiens qui demandait « un décret pour le bannissement des Bourbons, une loi contre les provocateurs au meurtre, une cpnvocatioin de la force départementale, un décret d’accusation contre Marat, Robespierre, Danton et leurs adhércns » (Jal du soir, n<> 184 ; Mon., XV, 768. Texte signalé par E. Hamel, II, 643).