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SÉANCE DU 25 SEPTEMBRE 1792

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rien lu, comme si vous n*aviez rien entendu, avant d’arriver sur ce théâtre de la révolution. Ici réunis, nous vous apprendrons à connoître les amis et les ennemis de la liberté, vous connoissez tous les ressorts de la calomnie, et combien il est difficile d’échapper à ses traits lorsqu’ils sont lancés par des mains adroites et exercées. On nous a vaguement accusés d’avoir tramé des desseins ambitieux sur la liberté de notre pays ; c’est lorsque je demandois à grands cris la destitution de Lafayette avant la guerre, qu’on disoit, dans ces papiers publics, que j’avois eu des conférences avec la reine, avec la Lamballe, et que ma démission d’accusateur public étoit la suite de cette infâme transaction (28) ; et c’est en même temps qu’un écrivain patriote, mais inconsidéré, m’accusoit d’aspirer à la dictature : et c’est au moment où la Convention nationale alloit commencer ses travaux, que l’on a reproduit ces misérables imputations. Nous avons longtemps soupçonné que l’on vouloit faire de la République de France une réunion d’états fédératifs, qui, dans les circonstances actuelles, nous paroissoient livrer au moins la moitié de l’empire au fer des étrangers et au déchirement des factions intestines, et nous étions autorisés à adopter ces soupçons ; nous entendions calomnier les citoyens de Paris {murmttres) qui, dans la révolution du 10 août (murmures) ont déployé tant d’énergie : nous avons i accuser le conseil-général de la commune, le corps électoral, par des bouches qui sembloient mériter quelque confiance. Eh ! messieurs, mettez- vous à notre place ; quand nous qui, membres de l’assemblée électorale, savions que jamais il n’avait été question, non seulement de la loi agraire, mais de quoi que ce fût qui pût attenter à la propriété ; quand nous avons vu les coups portés sur les hommes les plus coupables, présentés comme des crimes atroces. Quand nous avons entendu peindre la Ville de Paris com.me le repaire des assassins et des brigands, les patriotes les plus énergiques désignés sous les couleurs les plus noires ; enfin, quand nous avons vu que les traits de nos adversaires portoient sur les autorités constituées révolutionnairement, alors nous avons reconnu le plan dévastateur combiné par nos ennemis, et nous avons dû leur opposer et notre courage et toute l’énergie dont nous étions capables. Par cette conduite, nous avons attiré sur nous, et les rugissements de la calomnie, et les efforts de la vengeance. Je reviens, et je termine ce qui concerne l’accusation dirigée (28) Il s’aigit sans doute de Brissot dans les » Pourquoi 1 » du Patriote français (Cf. Discours... 3® partie, p. 339). Voir également l’article de Gorsas cité dans ce même ouvrage (p. 249) à la séance du 2 avril 1792. La polémique royaliste contre Robespierre a, d’autre part, fait Tobjet d’un article de M. Bouloiseau paru dans les Ann. ihist. Kév. franc, 1958, n^ 2, sous le titre : « Aux origines de la’ légende anti-Kobespierriste ».