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Séance du 6 janvier 1793


vention, a dit Robespierre, n’est pas indépendante de la nation qui veut que tous ses mandataires soient entendus. Quand l’intrigue étend son influence jusqu’à violer le droit que la nation a transmise à ses délégués, la liberté est détruite, et l’assemblée est dissoute. Souffrirons-nous, citoyens, que 300 hommes se groupent ensemble pour étouffer la voix de la vérité ? Dans l’assemblée constituante, il y avoit une pudicité populaire. Couthon étoit environné d’un respect qui est dû et à la foiblesse de son âge et à la pureté de son patriotisme. Ici ce sentiment n’existe plus, puisque les Guadet, les Vergniaux et autres ont obtenu la parole avant Couthon. Je sais que le droit de réclamer contre cet acte attentatoire aux droits du peuple, appartient à la minorité, et à chaque individu en particulier. Celui qui ne peut plus donner son suffrage librement, perd son caractère de représentant. Citoyens, déployons une imposante énergie.

Je demande que toutes les fois que la liberté des suffrages sera violée, soit par des murmures, soit par l’astucieuse perfidie du président, tous les patriotes se lèvent et crient : « Tu violes les droits du peuple, et tu es un traître, un conspirateur, couvert du masque du patriotisme !... Nos ennemis veulent amener un mouvement populaire contre un tyran dont ils ne se servent que parce qu’il sert à rallier autour d’eux tous les fayettistes, les feuillans et les aristocrates. (4) De grandes mesures peuvent seules déjouer les complots de l’intrigue. Elles consistent à employer toutes les ressources pécunières et morales, pour répandre les écrits qui démasquent les intrigans. Elles consistent à surveiller les comités ténébreux qui trament la perte de la liberté. L’homme qui a deux écus doit en donner un pour propager la vérité et la raison éternelle. (Appl.) » (5) Le Créole patriote, n*" 228, p. 874.

Robespierre relève cette expression : « de crainte que le discours de Couthon ne puisse pas être entendu ». Couthon sera entendu, dit-il, et je soutiens que l’assemblée représentative n’a pas le droit d’étouffer sa voix pas plus que celle d’un autre, parce que la Convention n’est pas une puissance au-dessus des droits de ses commettens qui ont investi tout député du droit sacré d’émettre leur vœu, et on ne pourrait y mettre obstacle que par un attentat contre la liberté, et en foulant aux pieds la souveraineté nationale. « Robespierre prend de là occasion de rappeler les manœuvres d’un parti nombreux de la l (4) Voir ci-dessus séance du même jour à la Convention. Ro- [bespierre eut de grandes difficultés pour obtenir la parole.

  • " (5) Aucune nnention de cette intervention dans Aulard, E. Halel

et G. Walter.

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