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SÉANCE DU 25 SEPTEMBRE 1792

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I

d’intrigans, connoissoient-ils quelque moyen de faire qu’un défenseur de la liberté voulut descendre jusqu’à la dictature, c’est-à-dire, jusqu’à la puissance absolue ? Autant vaudroit dire que les destructeurs des rois pourroient consentir à se souiller en s ’asseyant sur un trône. » Quelques voix se font entendre. « Robespierre, ne nous parle point de ta vie passée ; contente-toi de nier le fait qu’on t’impute ». Qu’ai-je fait autre chose que le nier ? Je n’en avois pas besoin, sans doute. Car, pense-t-on que je me regarde ici comme accusé ? Non, ce seroit à moi d’accuser. Car, qu’est-ce autre chose que cette prétendue dénonciation, si ce n’est le résultat grossier de la plus lâche de toutes les intrigues ? Ce seroit à moi de vous dévoiler la coalition criminelle qui, depuis long-tems, ne cesse de faire circuler l’erreur et l’imposture dans les quatre-vingt-trois départemens, par le canal des papiers périodiques dont elle dispose ; et qui déjà, peut-être, avoit armé un grand nombre d’entre vous, de préventions sinistres, avant que vous fussiez arrivés sur ce théâtre de la révolution. C’est elle qui cherche à semer la division dans ’e sein de cette assemblée en déclarant une guerre absurde aux membres qui la connoissent, et qu’elle craint. C’est elle qui cherche à déchirer la république, en calomniant sans cesse le peuple de Paris et tous les mandataires qu’il a honorés de sa confiance ; c’est elle, en un mot, qui s’attache à vous faire regarder les bons citoyens comme une faction, pour empêcher que l’on apperçoive la seule faction véritable, qui s’oppose encore à l’établissement de la liberté. Il me suffit, dans ce moment, de vous inviter à observer, avec attention, toutes ses démarches ; ne jugez les hommes et les choses que par ce que vous aurez vu et entendu vous-mêmes ; prévenez, au moins, par une sage impartialité, les conséquences funestes d’un système d’intrigue et de calomnie, qui semble nous présager les plus grands maux. Occupez- vous uniquement du bonheur d’un grand peuple et de l’humanité. Combien de lois salutaires auroient pu enfanter ces séances perdues et déshonorées par des déclarations imbécilles contre la Ville de Paris ; c’est-à-dire, à peu près, contre la vingt-cinquième partie de la population qui compose le peuple français ? Commencez dès ce moment par décréter l’unité et l’indivisibilité de la république, comme on vous l’a déjà proposé. Décrétez même, si vous le jugez convenable, la peine de itîort contre ceux qui pourroient proposer la dictature ; et parcourons ensuite, d’un pas rapide, la carrière glorieuse oij le peuple nous a appelés. (11)

i(n) En fait, il s’agit d’un résumé des paroles prononcées par Uobespierre. Il n’avait pas rédig-é de discours et ne fit que reprendre dans ses « Lettres aux commettams », des idées essentielles qu’^^. avait développées au <îours de la séance de la Convenitioin. La confrontation de ce texte avec celui du Moniteur montre avec