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Séance du 5 décembre 1792


objet qui tient à la morale publique. 11 a été démontré à la Convention que Mirabeau était un traître et sa conduite y a été dévoilée. 11 s’agit uniquement d’expulser de votre sein, l’homme qui fut la honte de l’humanité. Nous fûmes trop longtems trompés par des intrigans, nous devons aujourd’hui nous faire justice et nous tenir en garde contre tous ceux qui lui ressemblent.

Je porte mes regards dans toutes les parties de cette enceinte, et je ne vois partout que des couronnes décernées aux ennemis de la liberté. Je vous propose de déclarer que vous n’accorderez les honneurs publics qu’à ceux qui termineront leur carrière après une longue suite de services rendus à la cause de la liberté. Accordez les honneurs à Helvétius qui a vécu de nos jours et dont la philosophie ne s’est jamais démentie sous le règne des tyrans et sous la verge du despotisme (8). Accordez-les à Sidney (9), c’était un apôtre de la liberté dont il fut l’ami toute sa vie et il expira sous les coups des assassins, qui replacèrent un tyran sur le trône. Je demande que son buste remplace celui de Mirabeau et que vous enleviez les couronnes civiques.

Ces propositions sont adoptées, le buste de Mirabeau est mis en pièces et les couronnes brûlées au milieu des applaudissemens. )) Le Créole patriote, n*" 131, p. 611.

(( Robespierre, appuyant cette proposition, ajoute qu*il est aujourd’hui bien reconnu que Mirabeau n’était qu’un hypocrite, bel esprit à la vérité, mais à coup sûr un intrigant. C’est un attribut inséparable de cette sublime philosophie. Si Helvétius vivait encore, ajoute ce membre, nous le verrions avec son bel esprit et sa sublime philosophie, grossir la masse des intrigants. Je ne vois de tous ces bustes que ceux de Brutus et de Rousseau qui soient dignes de paraître au milieu de nous. Si vous voulez remplacer ceux de Mirabeau et d’Helvétius, je demande la préférence pour celui de Sidney. Quant aux couronnes que j’aperçois de toute part, je n’en vois aucune qui ne doive disparaître ; elles ont toutes été tressées pour des hommes encore vivants, et certes, une malheureuse expérience ne nous a que tn p appris que nous devions attendre la fin de leur carrière. » (8) On remarquera que ce journal rapporte le contraire de ce qu’aurait dit Robespierre à propos d’Helvétius. <9) Algernon Sidney, fils du comte de Leicester, prit parti pour le Parlement contre Charles P^ Il s’exila après la Restauration, mais rentra en .Angleterre en 1677. Impliqué dans une conspiration ^0n’t ?re Charles II, il fut décapité en 1682. Robespierre. — 10