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Séance du 3 décembre 1792


cieux; aujourd'hui les écrivains les plus décriés de Taristocratie repren- nent avec confiance leurs plumes empoisonnées. Aujourd'hui des écrits insolens, précurseurs de tous les attentats, inondent la cité où vous résidez, les 84 départemens, et jusqu'au por-. tique de ce sanctuaire de la liberté. Aujourd'hui des hommes armés, appelés, retenus dans ces murs, à votre insçu, contre les lois, ont fait retentir les rues de cette cité de cris séditieux qui demandent l'impunité de Louis XVI (12), Aujourd'hui Paris renferme, dans son sein, des hommes rassemblés, vous a-t-on dit, pour l'arracher à la justice de la nation. 11 ne vous reste plus qu'à ouvrir cette enceinte aux athlètes qui se pressent déjà, pour briguer l'honneur de rompre des lances en faveur de la royauté. Que dis-je ? Aujourd'hui Louis partage les man- dataires du peuple; on parle pour, on parle contre lui. Il y a deux mois, qui eût pu soupçonner qu'ici ce seroit une question, s'il étoit inviolable ? Mais depuis qu'un membre de la convention nationale (le citoyen Pétion) a présenté la question, si le roi pouvait être jugé, com- me l'objet d'une délibération sérieuse, préliminaire à toute autre ques- tion, l'inviolabilité dont les conspirateurs de l'assemblée constituante ont couvert ses premiers parjures, a été invoquée, pour protéger ses derniers attentats (13). O crime! ô honte! la tribune du peuple fran- çais a retenti du panégyrique de Louis XVI (14). Nous avons entendu vanter les vertus et les bienfaits du tyran. A peine avons-nous pu arra- cher à l'mjustice d'une décision précipitée, l'honneur ou la liberté des meilleurs citoyens; que dis-je? nous avons vu accueillir, avec une joie scandaleuse, les plus atroces calomnies contre des représentans du peu- ple, connus par leur zèle pour la liberté. Nous avons vu une portion des membres de cette assemblée proscrits par leurs collègues, presqu 'aus- sitôt que dénoncés par la sottise et par la perversité combinées : la cause du tyran seul est tellement sacrée, qu'elle ne peut être ni assez longuement, ni assez librement discutée : et pourquoi nous en étonner ? ce double phénomène tient à la même cause. Ceux qui s'intéressent à Louis ou à ses pareils, doivent avoir soif du sang des députés du peu- ple, qui demandent, pour la seconde fois, sa punition; ils ne peuvent "^aire grâce qu'à ceux qui se sont adoucis en sa faveur. Le projet d'enchaîner le peuple, en égorgeant ses défenseurs, a-t-il été un seul moment abandonné; et tous les frippons qui les proscrivent aujourd'hui (12) Voir F. Braesch, La Commune du 10 aoû.t, p. 1104, à 1108. (13) Voir séances de la Constituante des 13 et 15 juil'let 1791. (14) Le girondin Rouzet (de la Haute-Garonne) avait rappelé dans la séance du 15 nov. les actes généreux de Louis XVI: l'abo- lition de la main-morte dans ses domaines, la convocation des Etats généraux. L'abbé Fauchet avait, de son côté, soutenu que le sup- p'iice de Louis XVI se retournerait contre la Révolution eii provo- quant dans le peuple une réa^îtion de pitié en faveur du roi.