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correspondance de robespierre

vos prétentions sans aucune réserve, sans aucun dédommagement, de l’autre, je ne la regarde pas comme assez évidente pour vous donner le conseil de la soutenir. Ce qui redouble mon incertitude, c’est que l’on plaide en ce moment même au Conseil d’Artois une cause qui a beaucoup de rapport avec la vôtre, et où le vent du bareau ne paraît pas contraire à celui qui soutient votre système. Un résignataire qui a pris possession d’un bénéfice situé dans le diocèse de Boulogne et en Artois, en vertu de provisions de la Cour de Rome et sans lettres d’attaches d’après un simple arrêt d’exéquatur obtenu au Parlement de Paris, est attaqué par un dévolutaire qui s’est fait pourvoir sur ce motif ; le résignataire a pris des lettres d’attaches pures et simples et a réitéré en conséquence sa prise de possession, et on croit qu’il gagnera sa cause.

Mais, je ne dois pas vous dissimuler qu’à mon avis, il y a une grande différence entre cette cause et la vôtre. Le résignataire dont je parle a pour adversaire un dévolutaire proprement dit, dont le rôle est toujours odieux, et vous avez à combattre un pourvu par le collateur ordinaire, dont les secondes provisions à titre de dévolut sont surabondantes et ne tendent qu’à confirmer la première collation, et c’est une question si un vice qui serait insuffisant pour donner lieu à un dévolut ne pourrait pas faire revivre le droit du collateur naturel en dépit de la prévention. Quand bien même l’affaire en question serait décidée en faveur de notre système, il resterait donc toujours une difficulté.

Cependant, les choses me paraissent dans un état d’équilibre tel que je ne veux point me charger de faire pancher la balance ; je vous prie donc, Monsieur, de vouloir bien prendre ce soin vous même, et de me déclarer définitivement si votre intention est de soutenir le procès ou de renoncer à vos prétentions. Je vous observe que, dans le premier cas, il me paraît indispensable de réitérer votre prise de possession : mais il ne serait plus nécessaire, pour cela, de faire de voyage de Bourrecy, pour lequel vous avez une répugnance très fondée ; il suffirait d’envoyer ici votre procuration en blanc, et on chargerait quelqu’un de prendre possession en votre nom. Ce parti n’entraînerait aucune dépense considérable. Au reste, il ne faut point perdre de temps pour envoyer cette procuration, si vous prenez ce parti, car votre adversaire presse maintenant l’audience, et nous ne pourrons plus la