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correspondance de robespierre

qui en est l’objet suffiroit pour justifier cette démarche, si cette démarche avoit besoin d’apologie.

Au milieu des ennuis attachés à ce pénible ouvrage, vous m’êtes apparue, Madame, pendant quelques moments que je n’ait point oubliés, et votre présence a ranimé mon courage. Aujourd’hui que je l’ai terminé, je cherche un dédommage ment qui est dû à mes travaux, et je de trouve en vous l’offrant. Lorsqu’on a défendu la cause des malheureux avec ce sentiment profond et douloureux qu’inspire l’idée de l’injustice qu’on est forcé de repousser, dans ce moment l’on est encore incertain si on aura le bonheur de le sauver, il faut à la fois une consolation et une récompense. La plus douce, la plus glorieuse de toutes, est de pouvoir communiquer ces sentiments à une dame aimable et illustre dont l’âme noble est faite pour les partager : il est vrai que ce prix est bien magnifique, et je devrois peut-être moi-même m’accuser d’une excessive présomption, pour avoir osé l’ambitionner, mais non, Madame, vous le devez aux efforts que j’ai faits pour seconder vos sentiments généreux : eh ! à quel plus noble usage pourroit servir l’éclat de votre rang et de vos qualités aimables, qu’à encourager par des moyens si faciles le zèle qui se dévoue au soulagement de l’infortune et de l’innocence. Je suis avec respect, Madame, votre très humble et très obéissant serviteur.

De Robespierre

Arras, le 21 décembre 1786

(H. Fleischmann. Robespierre et les Femmes. p. 40-41. Lettre communiquée par M. Ch. Vellay).

X
Robespierre à l’abbé Touques[1]
Monsieur,

La confiance illimitée que vous m’accordez me flatte et m’embarrasse à la fois : d’un côté, je ne trouve pas votre cause assez dépourvue de moyens pour sacrifier absolument

  1. Curé de Cintheaux, près Caen, qui prétendait à un bénéfice en Artois