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correspondance de robespierre
VI
Robespierre à Franklin
Monsieur

Une sentence de proscription rendue par les échevins de Saint-Omer contre les conducteurs électriques m’a présenté l’occasion de plaider au Conseil d’Artois la cause d’une découverte sublime, dont le genre humain vous est redevable. Le désir de contribuer à déraciner les préjugés qui s’opposaient à ses progrès dans notre province m’a porté à faire imprimer le plaidoyer que j’ai prononcé dans cette affaire. J’ose espérer, Monsieur, que vous daignerez recevoir avec bonté un exemplaire de cet ouvrage, dont l’objet était d’engager mes concitoyens à accepter un de vos bienfaits : heureux d’avoir pu être utile à mon pays, en déterminant ses premiers magistrats à accueillir cette importante découverte ; plus heureux encore si je puis joindre à cet avantage l’honneur d’obtenir le suffrage d’un homme dont le moindre mérite est d’être le plus illustre savant de l’univers.

J’ai l’honneur d’être avec respect, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

De Robespierre

Avocat au Conseil d’Arras

A Arras, ce 1er octobre 1783[1].

(Bibliothèque de l’Université de Pennsylvanie, — fac-similé communiqué à M. Vellay qui l’a reproduit dans les Annales Révolutionnaires II. 215. Cf. Robespierre et le procès du paratonnerre. Ibid. p. 25 et 201).

  1. Robespierre envoya à Franklin cette lettre avec un exemplaire de ses plaidoyers. Franklin (1706-1790), inventeur du paratonnerre, avait été envoyé en France, en novembre 1776, comme Commissaire des Etats-Unis, pour obtenir l’appui du gouvernement français. Après une année de négociations avec Vergennes, et à la suite de la capitulation de Saratoga, il put signer, le 6 février 1778, le traité d’alliance entre la France et les Insurgents. Il était rapidement devenu très populaire dans tous les milieux. Il rentra à Philadelphie le 14 septembre 1785 et y mourut en 1790. Mirabeau fit décider par l’Assemblée Constituante un deuil de trois jours.