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correspondance de robespierre

les plus sociables de tous les serins. Quelle fut notre surprise lorsqu’en approchant de leur cage, nous les vîmes se précipiter contre les barreaux avec une impétuosité qui nous faisait craindre pour leurs jours ! Et voilà le manège qu’ils recommencent toutes les fois qu’ils aperçoivent la main qui les nourrit. Quel plan d’éducation avez-vous donc adopté pour eux, et d’où leur vient ce caractère sauvage ? Est-ce que les colombes, que les Grâces élèvent pour le char de Vénus, montrent ce naturel farouche ? Un visage comme le vôtre n’a-t-il pas dû familiariser aisément vos serins avec les figures humaines ? Ou bien serait-ce qu’après l’avoir vu, ils ne pourraient plus en supporter d’autres ? Expliquez-nous, je vous prie, ce phénomène. En attendant, nous les trouverons toujours aimables avec leurs défauts. Ma sœur me charge, en particulier, de vous témoigner sa reconnaissance pour la bonté que vous avez eue de lui faire ce présent, et tous les autres sentiments que vous lui avez inspirés.

Je suis avec respect, Mademoiselle, votre très humble et. très obéissant serviteur.

Arras, le 22 janvier 1782.

De Robespierre.

P.-S. — J’ai l’honneur de vous envoyer trois exemplaires, et je vous laisse le soin de faire le meilleur emploi possible de ceux que vous ne jugerez pas à propos de conserver.

(Publiée en anglais pour la première fois par Lewes, avec des lacunes, dans The Life of Maximilien Robespierre p. 61-62 — Cf. Cabinet Historique. 1856. II. 47- 48).

V
Robespierre à une dame[1]
Madame,

Il n’est pas de plaisirs agréables si on ne les partage avec ses amis. Je vais donc vous faire la peinture de ceux que je goûte depuis quelques jours.

N’attendez pas une relation de mon voyage ; on a si prodigieusement multiplié ces espèces d’ouvrages depuis plusieurs

  1. Robespierre s’adressait à Mme Buissart. A la fin, Robespierre s’adresse à Monsieur (probablement Buissart).