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introduction

que des lettres d’Aug. Robespierre publiées en 1890 par M. Victor Barbier.

Je lui exprime toute ma reconnaissance pour sa précieuse collaboration, ainsi qu’à M. A. Mathiez, qui, comme on le pense, a été le conseiller de tous les instants.

Je veux remercier aussi M. Georges Bourgin, M. Jacob, professeur au Lycée de Lille et M. Giraud-Mangin, conservateur de la Bibliothèque de Nantes qui a bien voulu m’envoyer la copie de deux lettres d’Augustin Robespierre et mettre à ma disposition, à la Bibliothèque nationale, les papiers de Robespierre de la collection Dugast-Matifeux.

Cette correspondance de Robespierre constitue sa plus belle défense. Dès sa jeunesse, il fait montre des plus hautes qualités morales. Travailleur, il apporte, dans la profession d’avocat, « une vive émulation et une extrême envie de réussir » (26 octobre 1779).

Ceci ne l’empêche pas d’être galant avec les dames. Bien plus que son sonnet à Ophelie, timide et un peu gauche, ses lettres à Mlle Dehay, amie de sa sœur Charlotte, dénotent un esprit fin, qui sait dire aux femmes des choses aimables, avec élégance.

Comme cette jeune personne avait envoyé à sa sœur des serins qui ne s’apprivoisaient pas, il lui écrit en la remerciant : « Un visage comme le vôtre n’a-t-il pas dû familiariser vos serins avec les figures humaines ? Ou bien serait-ce qu’après l’avoir vu, ils ne pourraient plus en supporter d’autres ? » (22 janvier 1782).

A une jeune fille dans le malheur, il montre avec mélancolie des sentiments pleins de délicatesse : « Lorsqu’on ne possède pas soi-même le bonheur, on voudrait se consoler par celui des autres ; on voudrait au moins en voir jouir ceux qui méritent le plus de l’obtenir. » (26 juin 1787).

Il est bien loin de nous apparaître alors comme un jeune pédant au cœur sec, emprunté avec les femmes et presque ridicule, tel qu’on s’est plu à le représenter[1].

Déjà son âme élevée, sa passion du bien public, son

  1. Sa lettre relatant son voyage à Carvin (12 juin 1783), parsemée de souvenirs d’étude, paraît bien un pastiche ironique du style classique.