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Les discours de Robespierre

du mouvement des armées de terre s’enveloppe d’obscurités ; qu’on parle avec une légèreté académique de nos victoires, comme si elles n’avoient rien coûté à nos défenseurs ; qu’on verse le ridicule sur la mère de Dieu (Catherine Théot) quoique la conspiration dont elle fut l’âme soit liée à toutes les autres ; que le système des finances tend à multiplier les mécontens ; qu’on a voulu nous donner le change sur la situation de la République ; qu’on cherche à s’emparer de tout ; qu’on éloigne de Paris les canonniers ; qu’il faut laisser agir les Comités, mais les surveiller ; qu’enfin en publiant ces observations il ne veut que servir sa patrie. Nous donnerons l’extrait littéral de ce discours dès qu’il sera authentiquement imprimé. Couthon demande l’impression & l’envoi à toutes les communes. Après de très-vifs débats la Convention en décrète l’impression & la distribution à ses membres. »

Gazette française, 9 thermidor, p. 2578 ; Courrier républicain, t. V, n° 269, p. 209-10.

« Après quelques décrets particuliers, Robespierre a fait un discours très-long pour repousser les attaques que ses ennemis, a-t-il dit, ne cessent de multiplier contre lui. Ce travail est peu susceptible d’être analysé. L’orateur a parlé de listes de proscription qu’on veut lui attribuer, de terreurs qu’on sème contre les patriotes, de cotteries où l’on envenime sa conduite, de discours par lesquels on le peint comme aspirant à la puissance dictatoriale, d’efforts que l’on fait pour lui enlever l’estime publique. Il a parlé d’oppression contre les meilleurs patriotes, de projets de finances propres à augmenter le nombre des mécontens, d’épouvante jettée dans l’âme des nobles et des prêtres, d’un arrêté surpris au Comité de salut public pour faire arrêter les membres de la Commune du dix août sous prétexte de non-reddition de comptes ; du projet qu’on lui prête de vouloir immoler la Montagne, les députés détenus, et de soutenir le Marais. Il a parlé des efforts continuels de ses ennemis pour faire retomber sur sa tête la haine et l’exécration de tous. Il a répondu à tout par sa conduite et par le témoignage d’une conscience sans reproche.

Il s’est plaint d’un système continu de persécutions contre le plus pur civisme. Il s’est plaint aussi, mais en général, des Comités de salut public et de sûreté générale, et surtout de ce que des professeurs de royalisme, des intrigans, des émigrés même ont eu l’art d’entrer dans le dernier de ces Comités, et d’exercer des actes tyranniques. Il n’a pas oublié les attaques portées au Tribunal révolutionnaire. Il a cité un passage d’un écrit trouvé chez un conspirateur qui provoquoit son assassinat, et un autre d’un journal étranger, dans lequel sa tête est également dévouée. Il a dénoncé l’adresse des contre-révolutionnaires à s’emparer du rapport de Vadier sur la prétendue Mère de Dieu, pour tourner la Convention en ridicule. En revenant sur les idées de pouvoir suprême qu’on lui attribue, il a dit que, depuis quatre décades, l’impuissance de faire le bien l’a forcé à s’abstenir des séances du Comité.